Hate and Love (2009)
Last Update : 11-03-14
Synopsis
Un Roman Historique d'Amour et d'Aventure
1922. Une jeune veuve anglaise donne naissance à deux jumeaux, Charles et Georgiana Hayter, avant de mourir. Envoyés chez une lointaine tante, l'intransigeante Comtesse Sarah, les enfants s'isolent dans une affection grandissante.
1937. Implacable et peu maternelle, Sarah réussit à imposer son autorité mais Charles, trop longtemps frustré par ses brimades et durci par la solitude, impose un jour, dans une scène explosive, son tempérament brutal et vengeur. Après une nouvelle dispute, le jeune garçon quitte le domaine familial sur un coup de tête et disparaît sans laisser de traces... 1939. Georgiana, restée seule auprès de sa tante malade, se dévoue à son chevet avec courage et patience tout en assurant les revenus nécessaires. De façon insensible, les lettres de Charles deviennent de plus en plus mystérieuses et poussent la jeune fille à accomplir, régulièrement, des petits services dans le village voisin. Aveuglée par son amour, Georgiana réalise, mais trop tard, qu'il s'agit de traîtrises envers son propre pays. En effet, rallié aux idées nazies, Charles a embrassé le destin idéaliste et fiévreux des jeunesses hitlériennes et profite de sa nationalité britannique pour agir en cinquième colonne... |
1940. Un soir d'été, un jeune pilote anglais se présente à la porte du domaine des Hayter, transformé en hôtellerie de passage après le début des hostillités. Les deux jeunes gens tombent immédiatement amoureux l'un de l'autre, mais lors d'une mission de nuit, Georgiana manque de prudence, et, coup de théâtre, les masques tombent, laissant les amants désespérés et frustrés : Ian, engagé dans les services de contre-espionnage britanniques, avait été appelé dans les environs pour démasquer une taupe... qui s'avère être Georgiana. Incapables de taire leurs passions, ils se marient néanmoins avec la complicité d'un prêtre de la famille après que Georgiana ait juré de ne plus répondre aux lettres de Charles.
1942. Peu de temps après, alors que Georgiana, enceinte, attend impatiemment le retour d'Ian, Charles fait un retour fracassant au domaine familial...
1942. Peu de temps après, alors que Georgiana, enceinte, attend impatiemment le retour d'Ian, Charles fait un retour fracassant au domaine familial...
Extraits
La Jeunesse de Karl : La Création du Monstre de Frankenstein
Entre Les Lignes
Un Roman de Jeunesse Tourmenté et déjà Mûr
1) Une enfance volée
L'ouverture du roman peut paraître très sombre, très pessimiste, surtout pour un premier roman écrit par une jeune fille de quatorze ans, mais il est le terreau indispensable au développement des personnalités des deux protagonistes principaux, Charles et Georgiana. C'est le première fois qu'un tel soin est accordé à l'exploration du caractère des héros. On les voit grandir, souffrir, mourir ou voir mourir, dans un développement qui couvre une bonne quinzaine d'années intenses et dramatiques. Chaque épisode ajoute de l'étoffe, nuance, surprend, conforte. Après cent pages, Charles reste néanmoins un mystère. Il représente le mystère de la jeunesse, ses angoisses, ses incertitudes, son enthousiasme parfois teinté de violence. Au fond, la seconde guerre mondiale pourrait bien être aujourd'hui. Les conflits familiaux, les tensions, les sentiments... sont éternels.
2) L'affection fraternelle
C'est elle qui, d'une façon assez ironique, perd Georgiana et sauve son frère Charles. La couverture originale du livre est à ce propos grandement éloquente : le mot HATE était situé en haut sur un fond clair, comme s'il y avait un coin d'espoir, un rayon de soleil dans la haine de Charles. Mais le mot LOVE était situé en bas sur un fond noir, comme s'il était sali, dégradé, impur. Une façon d'éradiquer toute vision simpliste et manichéenne de l'intrigue. Il n'y a pas les bons d'un côté et les méchants de l'autre ici. Charles est touchant malgré toutes les horreurs qu'il commet. Et son talon d'Achille, c'est Georgiana. La jeune fille est située au dessus de lui sur l'image, car c'est elle qui l'élève, qui le sauve : elle sera celle qui suscitera et réveillera en lui cette humanité que le Nazisme avait étouffé en lui. Au fond, derrière chaque grand homme... n'y a-t-il pas une femme ?
3) La poésie des premiers sentiments amoureux
Mais Hate & Love est avant tout un premier roman, un roman de jeunesse profondément enthousiaste et plein d'espérance. L'histoire d'Ian et Georgiana est incroyable de délicatesse et de pureté ; les émotions y sont dépeintes avec plus de talent et de sincérité que dans tous ses autres romans, à la seule exception de l'histoire de Kiornay et de Moira, qui en est le développement, l'aboutissement, le parachèvement suprême. Les descriptions de la nature au printemps souligne et fait écho au bourgeonnement de ces sentiments d'abord indistincts puis de plus en plus profonds, comme autant de motifs visuels, sonores et tactiles...
Ashley Wyman @ copyright 2011. All rights reserved.
4) Un présent déchiré entre le poids du passé et la peur du futur
Les plus belles années de la vie des héros sont situées, de façon assez ironique, pendant la guerre, et non après, en période de paix. Et pourtant, le message est clair : aucun retour en arrière n'est possible. Par exemple, lorsque Georgiana revient au domaine familial, elle retrouve la grille arrachée ; les herbes folles envahissent le parc. Tout cela est symbolique bien sûr. La grille est ouverte parce que cet espace fermé, clos, rassurant qu'est l'enfance, n'existe plus, et est désormais ouvert à tous les vents. Les herbes ont poussé partout comme le cours de la vie qui continue, alors qu'au centre il ne reste plus que ruines : le château des Hayter a été détruit par les bombardements. Ce château, c'est aussi toute la vie d'Ian et Georgiana : leur rencontre, leurs secrets, leur amour, leur mariage. Tout cela est parti en fumée. Et pourtant, tout comme les cicatrices qui couvrent le corps d'Ian, les souvenirs de Georgiana sont indélébiles, comme marqués au fer rouge. Dans le chapitre Shadows of the Past, Georgiana perd presque la raison. Ce moment de folie shakespearienne, qui apparente la jeune anglaise à ses consœurs telle Ophélie, ne pouvait être mieux situé que dans une forêt broussailleuse et sombre où tout se prête au délire et aux visions cauchemardesques...
Les plus belles années de la vie des héros sont situées, de façon assez ironique, pendant la guerre, et non après, en période de paix. Et pourtant, le message est clair : aucun retour en arrière n'est possible. Par exemple, lorsque Georgiana revient au domaine familial, elle retrouve la grille arrachée ; les herbes folles envahissent le parc. Tout cela est symbolique bien sûr. La grille est ouverte parce que cet espace fermé, clos, rassurant qu'est l'enfance, n'existe plus, et est désormais ouvert à tous les vents. Les herbes ont poussé partout comme le cours de la vie qui continue, alors qu'au centre il ne reste plus que ruines : le château des Hayter a été détruit par les bombardements. Ce château, c'est aussi toute la vie d'Ian et Georgiana : leur rencontre, leurs secrets, leur amour, leur mariage. Tout cela est parti en fumée. Et pourtant, tout comme les cicatrices qui couvrent le corps d'Ian, les souvenirs de Georgiana sont indélébiles, comme marqués au fer rouge. Dans le chapitre Shadows of the Past, Georgiana perd presque la raison. Ce moment de folie shakespearienne, qui apparente la jeune anglaise à ses consœurs telle Ophélie, ne pouvait être mieux situé que dans une forêt broussailleuse et sombre où tout se prête au délire et aux visions cauchemardesques...
Ashley Wyman @ copyright 2011. All rights reserved.
Un autre exemple, plus frappant encore, est celui du traumatisme du retour dans la vie sociale . Lorsqu'ils se retrouvent aux Etats-Unis, les héros sont confrontés à des situations nouvelles et doivent s'adapter à une société bouleversée, qui a continué à progresser tandis qu'eux sont prisonniers de leurs expériences passées et victimes d'une sorte d'engrenage disloqué. Les hommes en particulier ont sacrifié leur innocence, leur jeunesse, leur santé, leurs idéaux même au service militaire, et sont devenus étrangers à toute vie civile. Un abîme difficilement surmontable existe désormais entre ceux qui ont vécu et ceux qui n'ont pas vécu la guerre. En outre, ces anciens héros ne sont plus désormais que des 'nobody ' qui doivent reprendre le cours d'une vie normale : ils sont immédiatement confrontés à des tragédies domestiques (perte de tel ou tel membre de leur famille ou de leur entourage, qu'ils ignoraient ; par exemple lorsqu'Ian apprend la mort de sa mère) et personnelles (incertitudes, conflits, situations embarrassantes, handicaps physiques et mentaux : Ian a honte de ses blessures de guerre). La société américaine d'après-guerre est en réalité une autre forme de déshumanisation : les vétérans, déjà détruits par la guerre, rencontrent alors de nouvelles situations parfois encore plus humiliantes et douloureuses que les précédentes (Charles doit s'inventer une nouvelle identité) : solitude, incompréhension, ostracisme, chômage, alcoolisme. Le désespoir n'est jamais loin...
Un autre exemple, plus frappant encore, est celui du traumatisme du retour dans la vie sociale . Lorsqu'ils se retrouvent aux Etats-Unis, les héros sont confrontés à des situations nouvelles et doivent s'adapter à une société bouleversée, qui a continué à progresser tandis qu'eux sont prisonniers de leurs expériences passées et victimes d'une sorte d'engrenage disloqué. Les hommes en particulier ont sacrifié leur innocence, leur jeunesse, leur santé, leurs idéaux même au service militaire, et sont devenus étrangers à toute vie civile. Un abîme difficilement surmontable existe désormais entre ceux qui ont vécu et ceux qui n'ont pas vécu la guerre. En outre, ces anciens héros ne sont plus désormais que des 'nobody ' qui doivent reprendre le cours d'une vie normale : ils sont immédiatement confrontés à des tragédies domestiques (perte de tel ou tel membre de leur famille ou de leur entourage, qu'ils ignoraient ; par exemple lorsqu'Ian apprend la mort de sa mère) et personnelles (incertitudes, conflits, situations embarrassantes, handicaps physiques et mentaux : Ian a honte de ses blessures de guerre). La société américaine d'après-guerre est en réalité une autre forme de déshumanisation : les vétérans, déjà détruits par la guerre, rencontrent alors de nouvelles situations parfois encore plus humiliantes et douloureuses que les précédentes (Charles doit s'inventer une nouvelle identité) : solitude, incompréhension, ostracisme, chômage, alcoolisme. Le désespoir n'est jamais loin...
5) Le pardon
Face aux thèmes étudiés précédemment, le roman offre deux alternatives. L'une, incarnée par Georgiana, est celle de l'oubli, du pardon et du courage. On l'a déjà vu, la frêle jeune fille est patiente et tenace depuis son plus jeune âge. Malgré la cruauté de Charles, Georgiana est prête à renouer avec celui qui fut son premier amour et son premier soutien. Les dernières retrouvailles entre Charles et Georgiana font partie des moments les plus poignants du roman.
6) Le suicide
C'est la deuxième alternative, incarnée cette fois-ci par Charles. Ironique retournement des situations ! On aurait pu croire que c'est Georgiana, la douce et fragile Georgiana, qui n'aurait pas su faire face au drame. Mais c'est en réalité Charles, le solide, le violent, qui, sur un nouveau coup de tête, met fin à ses jours en se noyant dans l'eau glacée d'un matin d'automne. A nouveau symbolique, ce choix conjugue la mélancolie de la saison à l'image mouvante de l'eau qui passe sous un pont. Le temps, peut-être. Le destin aussi...
Ashley Wyman @ copyright 2011. All rights reserved.